Pourquoi cette correction sur les actions américaines ?

04 septembre 2020

Wall Street | Wall ST | US | actions

La volatilité a décidé de faire sa rentrée, et les bears se réveillent après une hibernation estivale et un mois d’août qui affichait la meilleure performance depuis... 1986.

Tous les Cassandre s’accorderont pour dire que cette fois ils l’avaient vu venir, mais on ne compte pas non plus les articles des derniers jours justifiant l’accélération haussière des GAFAM, grande gagnante du monde post COVID-19 et dont les ratios de valorisations sont plus raisonnables qu’en 2000. Bref, qui croire et comment expliquer cette correction, à ce moment précis, sans catalyseur particulier ?

A première vue il s’agit essentiellement d’un phénomène de correction technique somme toute logique après une forte hausse ininterrompue de la technologie américaine, tendance dont la poursuite commençait sérieusement à manquer de catalyseur, à part la tendance elle-même. Une prise de profit classique donc ? Les indicateurs techniques classiques comme le RSI avait atteint le plus haut niveau depuis janvier 2018 et qui avait préludé à la correction de février. Cette baisse constitue la plus forte variation depuis le mois de juin. En termes de flux et de volumes, les données disponibles montraient que les actions technologiques étaient très fortement détenues dans les portefeuilles, avec une surpondération de la plupart des gestions actives sur cette thématique. Double phénomène de concentration dans les indices et amplifié dans les portefeuilles des gérants.

En effet sur le plan de l’actualité, il n’y a pas eu réellement de nouvelles de nature à faire trébucher les actions, notamment dans une journée qui était très positive en Europe. Les données de PMI et l’enquête ADP de cette semaine ne constituent pas des explications à cette correction. Et récemment le discours de Jerome Powell à Jackson Hole sur le câblage d’inflation moyenne sous-entendait la poursuite d’une posture très accommodante de la Fed. Sur le plan politique, rien de nouveau sur les sondages ou en termes d’annonces qui puissent justifier une forte correction.

L’ampleur de la correction peut être reliée aussi au positionnement de marchés et à l’amplification des volumes de produits dérivés. Avant la correction, le niveau de ratio put/call (options de vente / options d’achat) avait atteint un niveau historiquement faible, révélateur d’un positionnement assez agressif du marché. Deuxièmement les marchés d’options auraient amplifié cette baisse, en raison d’une forte hausse récente des volumes d’option d’achats sur titres, avec une concentration sur le secteur technologique, et dont le débouclement a pu jouer un rôle d’accentuation de cette correction. Enfin, la hausse violente de la volatilité des actions américaines (VIX à 35) conduit des acteurs bancaires ainsi que les gestions plafonnées en volatilité à devoir couper les risques ce qui joue un rôle d’accentuation de la correction.

 

Une correction accentuée par les marchés d’options

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Sources : Bloomberg, Indosuez Wealth Management

A y regarder de plus près, au-delà du secteur technologique qui emporte les indices à la baisse, on constate que certains secteurs américains restent relativement à l’écart de ce phénomène comme l’énergie et les utilities, et dans une moindre mesure les financières. C’est donc bien le style croissance qui est affecté par ce mouvement, alors même que la courbe des taux avait eu tendance à s’aplatir ces dernières séances, ce qui est habituellement favorable aux valeurs qualité / croissance.

Un autre facteur intéressant à regarder : la corrélation entre le dollar et les valeurs exportatrices et technologiques qui était assez forte depuis l’été. Difficile d’affirmer que l’arrêt puis le début d’inversion de la hausse de l’euro soit à l’origine de ce phénomène pour autant, mais ce facteur reste à surveiller.

Où cette correction technique peut-elle nous conduire ? Sur le plan technique, si la tendance baissière devait se poursuivre, les moyennes mobiles 50 jours et les gaps laissés en chemin semblent suggérer un support à 3 200 sur le S&P 500 (et zone 10 750/10 900 sur le Nasdaq). Mais il faut garder à l’esprit que par le passé d’autres corrections brutales, instantanées mais courtes (flash crashes) se sont déjà produites et qui ne durent généralement pas au-delà de quelques jours. Cette phase pourrait donc être mise à profit pour revenir sur les marchés si elle devait se poursuivre. Tout dépendra aussi du développement du feuilleton politique américain. A court terme, cela justifie le positionnement plus équilibré récemment adopté entre actions américaines et européennes.

 

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04 septembre 2020

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